Arsenal – Manchester United : derrière City, la chasse est ouverte

Arsenal et Manchester United sont deux vieux blasons en voie de dépoussiérage. Si pour les Gunners, la saison passée était la plus belle depuis des années, avec cette deuxième place finale (première depuis 2016) et surtout une lutte intense pour le titre (le dernier remonte à 2004), cette saison doit être celle de la confirmation de ce statut retrouvé. Pour les Red Devils, la reconstruction est lente, mais progressive depuis le départ de Sir Alex Ferguson. Après une 3^e place l’an dernier, Erik Ten Hag a l’espoir de faire encore mieux après avoir effectué une préparation complète. Ces deux formations ont donc une cible commune, Manchester City, et un objectif commun, le titre. Tour d’horizon de leur état de forme.

Le « K » Havertz, toujours dans les starting blocks

Si les objectifs de ces deux équipes sont similaires, leur début de saison respectif aussi. Arsenal n’a pas encore connu la défaite avec un 7 sur 9. Une victoire 2-1 contre Nottingham Forest pour débuter, qui n’a pas été aussi serrée que le score peut le laisser croire, ensuite l’équipe a été gênée par un carton rouge contre Crystal Palace et elle a compliqué son match, le week-end passé, avec une erreur individuelle contre Fulham tombée très tôt dans la rencontre. Pas de quoi remettre en cause les bonnes intentions de la saison passée. Bien que par rapport à celle-ci, les circonstances ont poussé Mikel Arteta à opérer de légers changements niveau tactique. Timber s’est blessé lors du premier match, Partey s’est mué en arrière droit, tandis que White a repiqué dans l’axe de la défense, notamment.

Mais les changements majeurs proviennent des deux grosses recrues du mercato : Declan Rice (115 m€) et Kai Havertz (75m€). Si le premier cité poursuit sa route dans le milieu du terrain, comme il le faisait très bien chez les Hammers, pour l’Allemand, c’est plus compliqué. Arteta a modifié son système pour inclure Havertz à la place de Granit Xhaka. Une décision audacieuse et offensive de la part du technicien espagnol. Havertz est théoriquement beaucoup plus à l’aise pour attaquer vers la surface et recevoir le ballon entre les lignes dans le dernier tiers que le Suisse, mais il est moins efficace en ce qui concerne l’aspect défensif du jeu. Sur les trois dernières saisons de Premier League avec Chelsea, il avait surtout été positionné au front de l’attaque et sur les ailes. Avec un bilan mitigé (si on le considère comme un attaquant) de 91 matches disputés pour seulement 19 buts marqués et 10 passes décisives délivrées.

C’est donc sur cette carte de visite un peu chiffonnée qu’il arrivait à l’Emirates avec la volonté d’un nouveau départ. D’abord en le positionnant plus bas sur le jeu. « Pour l’instant, je l’imagine jouer au poste de milieu offensif, mais je suis sûr que tout au long de la saison et des matches, nous aurons la possibilité de le faire jouer à différents postes », avait déclaré Arteta à l’arrivée du natif d’Aix-la-Chapelle. « Il nous apporte quelque chose de très différent grâce à sa qualité et à sa taille, lorsque vous devez battre la presse par exemple et l’utiliser comme target man ». Il faut dire que, par rapport à l’effectif des Blues où le front de l’attaque semblait peu lisible, à Arsenal, ce poste est bien fourni. Gabriel Jesus et Eddie Nketiah sont de vrais buteurs, tandis que Leandro Trossard peut également occuper ce rôle.

Des intentions confirmées dans les faits. Havertz a été aligné en tant que numéro 8 sur le côté gauche aux côtés d’Odegaard avec Rice derrière eux durant les trois matches de Premier League. Même si Arteta ne souhaite pas le figer à une position unique. « Je ne veux pas qu’il reste à un seul poste. Parce que quand vous faites cela, vous êtes plus prévisible. Je veux utiliser sa polyvalence, avec lui et d’autres joueurs, car cela ouvre d’autres options, vous ouvrez leur esprit à d’autres choses ». Sans le qualifier trop vite de déception, le début de saison d’Havertz n’est pas brillant pour autant. Pas encore décisif, ni suffisamment impliqué dans les constructions offensives des Gunners, il a cependant, par moments, montré des choses intéressantes, notamment dans ses déplacements. Si son coach préfère brouiller les pistes quant à sa réelle position, il devient clair que tirer le meilleur parti du talent d’Havertz devrait être un indicateur clé de la réussite du projet de cette saison. Mais comme souvent, il faudra du temps, de la patience et, pour la première fois depuis longtemps, d’un encadrement cohérent. Sinon, il risque de vite devenir le vilain petit canard aux yeux des supporters et Arteta devra revenir aux bonnes vielles méthodes.

Raide Devils

Du côté de Manchester on a aussi beaucoup investi. Rasmus Højlund (75m€), Mason Mount (65m€) et André Onana (52m€) sont les recrues principales du mercato estival 2023. Le hic, c’est que deux d’entre elles sont blessées. Comme quelques autres pions importants de l’effectif : Luke Shaw, Tyrell Malacia et tout récemment Raphael Varane.

La blessure du Français semble sérieuse puisqu’elle risque de l’écarter des terrains durant un bon mois. Ce qui, entre parenthèses, met fin à toute perspective de départ d’Harry Maguire. L’absent de marque depuis le début de saison est Rasmus Højlund puisque le Danois n’a pas encore disputé la moindre minute avec la vareuse mancunienne. Cependant, il pourrait effectuer ses grands débuts contre Arsenal à l’Emirates Stadium ce dimanche. Un atout offensif supplémentaire pour une attaque peu en réussite puisqu’un seul des 4 buts marqués en 3 matches a été marqué par un joueur au profil offensif en la personne du nouveau capitaine : Bruno Fernandes. Évidemment, ce 6 sur 9 n’a rien de dramatique. La défaite face aux Spurs ne doit pas conditionner le reste de la saison. Sauf qu’être mené 0-2 à la maison face à Nottingham Forest après 4 minutes de jeu lors du match qui suit n’a rien de rassurant. Heureusement, les hommes de Ten Hag ont su réagir pour finalement l’emporter.

Alors où se situe réellement cette équipe amputée de certains ces principaux atouts ? Difficile à dire. Le match du week-end dernier a tout démontré une certaine détermination. Mais ce qu’il semble manquer du côté de Manchester, c’est un numéro 9 prolifique qui s’installe dans la durée. Ni Rashford, ni Martial qui ont occupé ce poste durant les 3 premiers matches de la saison ne peuvent assumer ce rôle. Il est amusant de constater que dans le match face à Nottingham le week-end dernier, un certain Taiwo Awoniyi paraissait être le chaînon qui manque à Manchester. Un buteur axial, rapide, direct et surtout qui marque. 9 buts sur ses 7 derniers matches de Premier League. Car le problème n’est pas neuf à Old Trafford. Depuis plusieurs saisons, la quête d’un buteur a été lancée. Le salut viendra-t-il du Danemark avec Højlund, 20 ans à peine, une saison de Série A dans les jambes ? Il aura intérêt, sinon la politique de transfert du club risque d’être, une énième fois, remise en question. Sans oublier qu’André Onana quittera l’Angleterre durant quelques semaines afin de disputer la CAN début 2024. On navigue décidément à vue du côté d’Old Trafford.