Liverpool – Aston Villa : Gerrard l’allié de toujours, revient chez lui en rival
Steven Gerrard, l’idole de Liverpool, son capitaine légendaire revient à Anfield. Mais sur le banc d’en face. Toute la Premier League sera au rendez-vous de ce moment qui s’annonce déjà culte. Liverpool-Aston Villa c’est ce samedi sur VOOSPORT WORLD. Par Thibault Drèze, journaliste de la rédaction des sports.
Il faut bien l’avouer, peu auraient imaginé que le retour de Steven Gerrard allait se dérouler de cette manière. D’abord, si vous avez passé les 5 dernières années dans une galaxie lointaine, c’est bien en tant que manager que professe maintenant Steven Gerrard. En effet le joueur est à la retraite depuis 2016 et sa dernière pige au Los Angeles Galaxy en Major League Soccer. Ensuite, et c’est surtout ça le plus surprenant, ce n’est pas sur le banc « home » de la Main Stand qu’il prendra place, mais bien sûr celui des visiteurs, en l’occurrence Aston Villa. D’ailleurs, pour ceux qui se demandent, il est difficile de trouver un lien entre le joueur et Aston Villa. Comme celui qui le lie au FC Liverpool. En grattant un peu, on se rend compte que dans la carrière de Gerrard, Aston Villa est le club contre lequel il a le plus marqué avec 13 buts en 27 matches. Ce n’est sans doute pas pour cela que les dirigeants du club de Birmingham ont recruté Gerrard pour succéder à Dean Smith, limogé en novembre dernier. Non, c’est parce que Steven Gerrard est un coach (déjà) promis à un bel avenir. Et qu’avant d’atterrir sur le banc de Liverpool, ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute, il a encore de belles pages à écrire avec Villa.
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Une progression linéaire
À peine avait-il raccroché les crampons en octobre 2016, que le métier de manager trottait déjà dans sa tête. Sa deuxième carrière débute en janvier 2017, où il est choisi pour coacher une équipe de jeune du côté de son ancien club de Liverpool. Au terme de cette première expérience, le club annonce qu’il accompagnera les U18 la saison suivante. Impressionné par ses qualités, le club décide finalement de mettre Gerrard à la tête des U19 qui participent à la Youth League. C’est donc à Melwood, le feu centre d’entraînement des Reds, que tel un étudiant qui débarque à l’université, Gerrard potasse ses livres de jeu. «J’ai beaucoup appris de Klopp. Avec lui, j’étais comme une éponge, en train de regarder et de m’instruire. En coachant les jeunes, j’ai appris comment préparer et animer une séance, j’ai compris comment mener les discussions individuelles avec les joueurs et j’ai vu comment utiliser les différentes formations sur un terrain. C’était un peu comme une année d’auto-école avant de commencer à conduire », explique Stevie G.
Fort de son expérience acquise au club qui lui avait déjà tout donné, ou pour lequel il avait tout donné, c’est selon, il franchit le mur d’Hadrien lors de l’été 2018. Le voilà nommé coach des Rangers de Glasgow. Un premier défi de manager avec les pros, hors des projecteurs de la Premier League. Pour mieux grandir, il est souvent préférable de le faire à l’ombre. «Un job de cette taille, ça vous frappe en plein visage. Quand vous avez 25 gars qui vous regardent, qui attendent chacun des mots qui vont sortir de votre bouche… Je n’ai jamais eu aucune formation pour m’exprimer en public. Ma seule expérience, c’est celle que j’ai eue comme capitaine de Liverpool. Mais j’ai toujours voulu être authentique», racontait-il peu après avoir paraphé son contrat.
Une authenticité qui paye. Gerrard ramène le club sur le devant de la scène et vient côtoyer le Celtic dans la lumière du Scottish Premiership. Lors de ses deux premières saisons, il termine deuxième à deux reprises derrière le Celtic. Puis, apothéose, lors de la saison dernière (2020/21), sa troisième en Écosse, il arrache le titre de champion. Dix ans après le dernier des Rangers. Le côté bleu de Glasgow exulte et Gerrard est hissé au rang de héros.
Il entame alors sa 4e saison aux Rangers et personne n’imagine à l’époque que l’histoire allait prendre fin. Pourtant certains signes avant-coureurs sont rapidement apparus dans la saison. Après deux défaites en Europa League, le manager n’a pas caché son ressenti quant au manque de soutien de la direction. « Nous n’avons pas été à la hauteur lors des deux premiers matches d’Europa League (Lyon et Sparta Prague). Mais à ce niveau, qui s’améliore d’année en année, si nous voulons continuer à progresser et atteindre un niveau supérieur, nous devons dépenser beaucoup d’argent en transferts. C’est aussi simple que cela. Pour rivaliser avec les équipes que nous affrontons, nous devons dépenser beaucoup d’argent. Au cours des deux dernières fenêtres, nous n’avons pas dépensé un centime », avait-il déclaré. Une première rupture marquante qui venait, d’une certaine manière, enclencher le divorce. L’offre de Villa est donc arrivée pile au bon moment. Gerrard ne s’est plus senti soutenu par sa direction et a peut-être estimé qu’il n’avait plus les moyens de ses ambitions. Et comment détourner le regard lorsque la porte de la Premier League s’ouvre ?
La méthode Gerrard
Mi-novembre il débarque donc à Birmingham du côté de Villa Park. Un step idéal dans sa carrière de manager. Lui qui a prouvé ses qualités de meneur d’hommes en Écosse, avec un titre sur son CV, doit maintenant grandir dans l’impitoyable Premier League. Un championnat où d’autres jeunes coaches se sont cassé les dents (Lampard ou plus récemment Solskjaer). Klopp étant bien installé à Anfield, Gerrard se rapproche de sa destinée, sans en ressentir la pression. En quatre matches, l’ancien capitaine de Liverpool a eu le temps de laisser son empreinte sur les Villans. Avec trois victoires en quatre rencontres (défaite contre Manchester City), il a aussi redressé la barre sportive du club, puisque Villa restait sur 5 défaites consécutives en Premier League.
L’occasion de se demander ce qui a changé depuis l’arrivée de l’Anglais. D’abord, « de nouvelles règles ont été mises en place concernant la ponctualité et le comportement. À la cantine, des produits tels que les desserts, les sauces de table et les saucisses ont été supprimés, l’attention étant portée sur le régime alimentaire et la nutrition », détaille le bien informé The Athletic. Il a aussi tenu à parler individuellement avec les joueurs écartés jusqu’ici, en indiquant à l’équipe qu’ils allaient tous repartir de zéro dans la hiérarchie. Mais comment cette équipe est devenue si organisée et difficile à battre en si peu de temps ? Gerrard a voulu en priorité réduire les écarts entre ses lignes de jeu, pour créer un bloc compact. « Nous voulions être meilleurs dans notre positionnement dans certaines situations sans ballon », a-t-il expliqué après la victoire face à Brighton. « Je voulais que nous soyons un peu plus agressifs et les joueurs ont clairement écouté parce que je pense que nous étions vraiment difficiles à jouer en première mi-temps et cela nous a donné la base idéale pour ensuite jouer correctement ».
À Aston Villa, Gerrard peut compter sur un effectif de qualité, avec des jeunes promesses, mais il va aussi pouvoir s’appuyer sur la grande ambition de ses dirigeants. À la différence qu’il aura plus de temps pour mettre en œuvre ses idées, qu’il n’en aurait eu dans une équipe du Top six, qui s’attend à des trophées à chaque fin de saison. Un environnement idéal pour grandir. Avant d’à nouveau, marquer les esprits. A commencer par ce samedi du côté d’Anfield Road.
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Crédits images @Belga