Manchester United – Arsenal : qui est Ralf Rangnick, celui qui doit relever les Red Devils et leur construire une identité ?
Solskjaer parti, voici que Ralf Rangnick arrive. L’Allemand va succéder à Michael Carrick, intérimaire depuis le départ du Norvégien. Il va à son tour assurer un intérim avant d’occuper un poste de consultant pour deux saisons. Manchester United veut changer de cap, avoir une vision et cela doit se confirmer ce jeudi face à Arsenal sur VOOSPORT WORLD. Par Thibault Drèze, journaliste de la rédaction des sports.
Le 21 novembre, après le départ d’Ole Gunnar Solskjaer, de grands noms ont circulé quant à sa succession. Zinédine Zidane, Mauricio Pochettino ou encore Brendan Rodgers. C’est alors que la direction de Manchester United a sorti un nom plus surprenant de son chapeau : Ralf Rangnick. En charge du développement au Lokomotiv Moscou, l’Allemand vient, telle une rustine, stopper le naufrage de la barque United. Mais, bien conscient qu’il faut plus d’une rustine pour sauver le navire, un coach à long terme prendra son relais cet été et Rangnick rejoindra le pont supérieur pour donner le bon cap à tout le club.
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Ralf l’avant-gardiste
« Ralf est l’un des coaches les plus respectés et innovants en Europe. Il était notre candidat numéro un pour assurer le rôle d’entraîneur intérimaire. Il va nous apporter son expérience technique, mais aussi de leader, acquise lors des quatre dernières décennies. Tout le monde ici a hâte de travailler avec lui lors de cette saison et puis lors des deux prochaines années dans un autre rôle », a communiqué John Murtough, le patron de Manchester United sur le site officiel du club au moment d’annoncer l’arrivée de l’Allemand. Innovant. Le qualificatif est lâché, et ce, à juste titre. Mais qui est cet intellectuel à lunette qu’on présente comme révolutionnaire ? S’il ne fallait qu’un seul mot pour incarner Rangnick celui-ci pourrait être « contre-pressing » ou « gegenpressing » en version originale. Cette variante du pressing classique consiste à presser l’adversaire de manière très agressive dès la perte du ballon. L’idée est de récupérer le ballon le plus rapidement possible après sa perte et profiter de l’effet de flottement qui parcourt l’équipe adverse au moment où elle récupère la balle.
Ce n’est pas un hasard si cette notion est souvent associée à un autre manager allemand : Jurgen Klopp. L’actuel entraîneur de Liverpool n’a jamais caché son inspiration pour les préceptes de Rangnick. Interrogé sur son avis concernant la nomination imminente de Rangnick, Klopp avait d’ailleurs déclaré que son arrivée devrait être une source d’inquiétude pour les autres clubs. « Ralf est un manager très expérimenté », a-t-il prévenu. « Il a construit deux clubs à partir de rien pour en faire des menaces et des forces en Allemagne avec Hoffenheim et Leipzig. United sera organisé sur le terrain, il faut en être conscient – ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour les autres équipes. »
Mais le futur manager de Manchester United a commencé à mettre en place ses principes bien plus tôt que son « fils spirituel ». Il débute sa carrière de coach au milieu des années 90 à Reutlingen, alors pensionnaire de 3e division allemande. Il poursuit au SSV Ulm pour deux saisons en amenant le club en deuxième division. Les analystes sont alors enthousiasmés par le style de jeu d’Ulm, et vont jusqu’à le décrire de « système triomphant », tandis que l’équipe est encensée. C’est à ce moment-là qu’il fait un passage télévisuel resté à la postérité. Invité à la télé allemande ZDF, dans une émission sobrement intitulée « sportstudio », l’équivalent du mythique « Match of the Day » il donne une interview, lunaire à l’époque, dans laquelle il explique toutes ses recettes magiques à l’aide d’un tableau aimanté.
« Nous voulons essayer de toujours attaquer et de surpasser le possesseur du ballon adverse avec au moins un homme, explique-t-il. Vous essayez de générer un avantage numérique près du ballon, et de prendre le temps et l’espace de votre adversaire sur le ballon. Et vous ne marquez pas avec une approche orientée vers l’adversaire ou la mission, mais avec une approche orientée vers le risque, ce qui signifie que vous vous concentrez davantage sur le ballon lui-même.» Des propos qui étonnent à l’époque, mais qui suscitent beaucoup de curiosité. Il jetait là les bases du fameux « gegenpressing »
Le saviez-vous ?
La Premier League est le terrain de jeu des stars du ballon rond mais certains jeunes joueurs tirent leur épingle du jeu durant cette saison 2021-2022.
Une empreinte sur la Bundesliga
Il poursuit sa carrière à Stuttgart, pour sa première expérience en Bundesliga où il recrute un certain Thomas Tuchel pour encadrer les jeunes, avant de rejoindre Hanovre, qu’il ramènera en Bundesliga lors de sa première saison au club. Il fera aussi Schalke pour deux saisons. Vient alors le chapitre Hoffenheim, qui mérite que l’on s’y attarde. En 2006, le TSG, un club de village, est la propriété de l’ingénieur et milliardaire Dietmar Hopp. L’homme d’affaires donne au tacticien l’argent et les ressources nécessaires pour construire un club à son image et à partir de pratiquement rien. En deux saisons, il hisse le club de la D3 à la première division allemande. Le tout en associant sa tactique de gegenpressing à un recrutement intelligent en enrôlant des jeunes joueurs à fort potentiel (avec des joueurs comme Demba Ba, Luiz Gustavo ou encore Roberto Firmino). C’est à ce moment que le football allemand prend conscience de la révolution qui est en marche. Après une victoire d’Hoffenheim face à Dortmund, Klopp avait d’ailleurs déclaré qu’il aimerait pratiquer ce genre de football un jour. Prémonitoire. « Ce que nous avons fait à Hoffenheim a eu une grande influence sur le football allemand », expliquait Rangnick dans une interview accordée à ESPN récemment.
Malgré cela, il quitte le TSG, car pas assez en phase avec sa direction. Il retourne brièvement à Schalke où il remporte le premier trophée majeur de sa carrière en finale de Coupe d’Allemagne. Mais à l’entame de la deuxième saison, il démissionne, car se dit épuisé. Le groupe Red Bull flaire alors le bon coup et sollicite l’aide de Rangnick pour reconstruire les clubs de Salzbourg et Leipzig, avec la même méthode qu’il a appliquée à Hoffenheim. Il entame alors son deuxième gros chantier.
Passant du rôle de directeur sportif à coach quand cela était nécessaire, ses aventures à Salzbourg et Leipzig sont marquées par le développement d’une foule de talent qui font maintenant le bonheur des grosses cylindrées européennes. Naby Keita, Sadio Mane, Timo Werner, Ibrahima Konate ou encore Erling Haaland, pour ne citer qu’eux. Et il en va de même pour les coachs passés par les académies de ces clubs, puisqu’ils sont 5 à maintenant entraîner en Bundesliga. Sans oublier Tuchel et Ralph Hasenhüttl actuel manager de Southampton.
Architecte, mais pas restaurateur
Lui qui est habitué à construire saura-t-il reconstruire ? Car c’est bien de cela qu’à besoin United. Choisir Rangnick c’est opter pour une vision stratégique et une philosophie à long terme. Exactement ce dont a besoin Manchester. Mais en Allemagne, il a avait l’habitude de mettre lui-même tous les ingrédients dans le bol pour démarrer sa mayonnaise. Avec les Red Devils, il devra rattraper la sauce. Nuance.
« C’est une chose que bâtir un Hoffenheim, un RB Leipzig, un RB Salzbourg, et c’en est une autre de reconstruire Manchester United. Avec les premiers, il était parti de presque rien, à tout le moins en termes de structure (car on ne doit pas oublier les moyens financiers conséquents dont disposaient ses propriétaires, les milliardaires Dietmar Hopp et Dietrich Mateschitz); il avait été l’architecte, mais aussi le maître d’oeuvre de la métamorphose de ces clubs qui, d’une certaine façon, n’avaient rien à perdre, parce qu’ils n’avaient jamais rien gagné », comme l’explique justement Philippe Auclair pour Eurosport. L’heure n’est plus aux essais pour les Mancuniens, il faudra faire fort et vite.
En effet, l’Allemand n’a pas composé son effectif, mais il lui sera imposé. Avec, sans doute, des joueurs avec qui il aura du mal à faire intégrer ses principes. C’est ici que tous les yeux se braquent sur Ronaldo. Saura-t-il adhérer aux méthodes de pressing de l’Allemand. À 36 ans, le Portugais en a vu d’autres et pourrait se dire qu’il n’a pas besoin de cela pour performer. Premier signal, lié ou non à l’arrivée du technicien allemand, Ronaldo a débuté sur le banc le week-end dernier face à Chelsea. Ce jeudi, c’est un autre grand test qui attend les Red Devils : Arsenal. L’Allemand ne sera cependant pas sur le banc, car pas encore en ordre de visa de travail et difficile de savoir si Rangnick aura eu assez de temps pour déjà poser sa patte. Quoi qu’il arrive à Manchester face aux Gunners, le temps est désormais à la reconstruction. Rome ne s’est pas bâti en un jour et les supporters devront apprendre à être patients. La méthode Ralf exige du temps et, même pour un club comme Manchester United, il est parfois important de se recentrer pour ne pas se tromper de direction.
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