Rangnick – Conte, une fin de saison de tous les dangers

Du côté de Manchester United et de Tottenham (qui s’affrontent samedi 18:30, en direct sur VOOSPORT WORLD), on ne peut pas dire que la fin de saison se profile avec un sentiment de pleine confiance. Mais deux hommes, à leur manière, ont tout en main pour corriger le tir. Par Thibault Drèze de la rédaction des sports.

Le match aller entre Manchester United et Tottenham avait été surnommé « El Sackico ». Comprenez le match du licenciement pour les coachs de jadis qu’étaient Nuno Espirito Santo et Ole Gunnar Solskjaer. La victoire 3-0 d’United avait d’ailleurs été fatale au Portugais. Le Norvégien allait subir le même sort quelques semaines plus tard. Deux destins liés à l’époque et des situations encore similaires aujourd’hui. Pourtant, de manière plus ou moins modérée, les arrivées, en cours de saison, de Ralf Rangnick (3 décembre 2021) à Manchester United et celle d’Antonio Conte à Tottenham (2 novembre 2021) avaient suscité une certaine forme d’excitation. D’un côté un homme discret au look d’intello à lunette censé revoir toute la ligne de conduite sportive du club et de l’autre, le volcan apulien qui mêle finesse tactique et ébullition physique.

Si les bilans respectifs de ces deux managers en championnat ne sont pas honteux (14 matches, 7 victoires, 5 nuls, 2 défaites 16 matches, 9 victoires, 3 nuls et 4 défaites pour Conte) , les fans des deux clubs sont en droit de s’attendre à mieux. En termes de qualité jeu d’une part, et de position au classement d’autre part (Manchester United est 5^e, Tottenham occupe la 7^e place). Du côté d’Old Trafford, on en est presque au point de déjà penser à la saison prochaine. Aveu d’échec ou souci de précaution exacerbé, le club est pourtant toujours en course en Ligue des Champions et une place dans le top 4 n’est pas un mirage.

Une succession difficile à assumer

Si on parle déjà beaucoup de la saison prochaine dans le nord de l’Angleterre, c’est parce que les observateurs constatent (déjà) que le manager en place, Ralf Rangnick, ne fait pas mieux que David Moyes, Louis van Gaal, Jose Mourinho ou Ole Gunnar Solskjaer qui ont dû assumer la difficile succession de Sir Alex Ferguson. Certains ont eu plus de succès que d’autres. Il y a eu des périodes apaisées, entrecoupées de moment de désordre, mais aussi de bonnes dynamiques. Mais jamais Manchester United n’est redevenu un club qui fait peur. Encore moins le club qu’il a été. Sauf que le coach ne semble pas être le seul problème. Les joueurs sont aussi pointés du doigt. D’ailleurs, les pundits sont de plus en plus critiques envers l’effectif mancunien. Roy Keane en tête après la défaite contre le voisin City. « Il y avait cinq ou six joueurs qui ne devraient plus jamais jouer pour Manchester United. C’était honteux. Ils sont tellement loin derrière les autres équipes. Vous entendez tout le temps des bruits sur ce qui se passe dans le vestiaire avec l’arrivée d’un nouveau manager, mais votre propre fierté doit finir par se manifester à un moment donné. C’était les hommes contre les garçons, comme le dit le vieux dicton. Ils ont abandonné et c’est une honte pour eux », a-t-il fulminé après la rencontre.

Tel un étau qui se resserre autour des indésirés et indésirables du noyau, l’été s’annonce mouvementé. Il est vrai que certains joueurs se sont montrés indignes du maillot et d’autres n’ont jamais réussi à justifier leurs indemnités de transfert et leurs salaires. Certes, certains ont été volontaires par le passé, mais ils sont aujourd’hui incapables de fournir les performances requises.

Et quand il s’agit d’évoquer la jeunesse, le constat n’est pas plus brillant. Jason Burt a d’ailleurs qualifié Manchester United dans les colonnes du Telegraph de « club où les talents viennent mourir ». Un marasme qui perdure et qui rend sceptique. Rashford par exemple, qui n’a été titulaire que 2 fois sur les 11 derniers matches de Premier League. « Louis Van Gaal a promu Jesse Lingard et Marcus Rashford, et José Mourinho s’est attaché à Scott McTominay, mais l’un d’entre eux a-t-il atteint son potentiel ? On peut se demander si McTominay sera un jour assez bon, et Rashford est une véritable star, mais il a régressé ces derniers temps », constate le chef du football au Telegraph. Un constat sur le long terme qui inquiète à court et moyen terme. Les jeunes pousses ne confirment pas.

Rangnick n’est pas l’homme de la situation sur le banc, cela semble évident maintenant. Mais saura-t-il rendre sa superbe au club depuis les coulisses ? L’entente avec le prochain coach sera-t-elle cordiale ? Le prochain manager aura sans nul doute une grosse charge de travail pour faire en sorte que le club cesse de naviguer à vue comme c’est le cas dans cette deuxième partie de saison. Ralf Rangnick, a d’ailleurs déclaré que le reste de la saison consisterait à « développer l’équipe ». Comme si pour lui tout était déjà joué et qu’il pensait désormais à son futur poste de conseiller sportif. Préparer une équipe en vue de la saison prochaine est un souhait louable, mais reste à voir à quoi ressemblera cet effectif la saison prochaine. Et surtout quel coach aura l’audace se s’engouffrer dans ce marasme.

Conte, le courant alternatif

Un peu plus au sud de Manchester, à Londres, Antonio Conte a aussi une fin de saison délicate à négocier. Englué hors des places européennes, cela devient une course contre la montre pour les Spurs afin de parvenir à se qualifier pour une compétition européenne. Pourtant, Conte avait imposé sa patte dès son arrivée. Cela a payé dans les premiers instants de son règne. Mais une défaite face à Burnley est venue noircir le tableau. Dernièrement, une série de trois défaites consécutives a été suivie d’une série de trois victoires, dont une face à Manchester City. Preuve que Tottenham est une équipe qui peut réaliser de grande chose. Mais de manière épisodique. « C’est l’histoire de Tottenham, beaucoup de hauts et de bas, mais pour être compétitif, pour essayer de gagner quelque chose, pour essayer de se battre pour quelque chose d’important et devenir une équipe forte, la première chose qui doit arriver est d’être stable et d’éviter ces hauts et ces bas. En peu de temps, il est impossible de faire cela, pas seulement pour moi, mais je pense que n’importe quel manager ou entraîneur peut arriver et changer l’histoire en une seconde », a confié le tacticien transalpin en conférence de presse. Un poste qu’il a qualifié de « difficile » avant d’ajouter que tout cela était un nouveau challenge pour lui.

C’est l’un des points communs avec Manchester United pour Tottenham : l’été risque d’être animé. En effet, Kane pourrait quitter le club, mais aussi Conte quelques mois seulement après son arrivée. Si les prémices d’un départ ont déjà été engagées l’été dernier pour le buteur anglais, Conte cache de moins en moins son agacement suite au manque d’ambition du club en termes de recrutement. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que Conte quitte un club pour des bisbrouilles avec sa direction.

Autre point commun entre ces deux clubs : l’intérêt qu’ils ont eu, à des moments différents, pour le manager italien. Si Solskjaer avait été le premier à quitter son club, Conte aurait sans doute rejoint Manchester. Et si la drague reprenait cet été ? En football, tout est décidément lié.

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